Nougaro - Maurane
- Variété Française
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Avis sur Nougaro - Maurane - CD Album
16 avis sur Nougaro - Maurane - CD Album
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Présentation Nougaro - Maurane
- CD Album- Auteur(s) : Maurane
- Editeur : Universal
C'est une chose entendue : Claude Nougaro est une icône de la chanson française, petit taureau plus grand encore aujourd'hui qu'hier (parce que le jazz, la java, les mots qui dansent, et l'absence). On en conviendra avec la même force : on aime Maurane itou, par sa voix d'or, mais (surtout ?), car loin des affèteries du show-business, la Belge a toujours délivré un message sincère, charnel, telle une Vénus callipyge du micro. Et suscité le respect.
Pourtant, l'hommage de la deuxième au premier n'allait pas de soi, même en cette année du quatre-vingtième anniversaire du Toulousain. Car l'on ne touche pas au Claude - même Claudine - (les larmes n'ont pas encore séché place du Capitole), qui avait tant de swing dans ses mots, pour les laisser succomber à un autre. Et car l'écriture de notre boxeur favori des rimes s'orne de ces attributs virils qui conviennent peu aux dames. Sauf que Maurane est musicienne, vraie chanteuse pour tout dire, et courageuse avec cela.
Alors, elle a tout mis dans cet album : les longues conversations avec Hélène Nougaro, vigilance sensible, sinon gardienne du temple, le travail avec le producteur Alain Cluzeau (oreilles grandes ouvertes, puisqu'il oeuvre habituellement avec Olivia Ruiz, ou Mathias Malzieu de Dionysos), et quelques invitations lancées, comme on dresse la table pour des amis. Dominic Cravic (l'homme à la guitare dans « Chambre Avec Vue » d'Henri Salvador) a planté là ses Primitifs du Futur, le pianiste David Lewis en a fait tout autant avec Paris Combo, et une brigade jazzy (Fred Pallem du Sacre du Tympan, Louis Winsberg guitariste de Sixun) n'a éprouvé aucune difficulté à se frayer un itinéraire à travers les pieds de micro. Ensuite - et on imagine que ce fut là exercice périlleux - il convint de choisir : des incunables, certes (« Le Jazz Et La Java », « Toulouse », en une version particulièrement culottée, où la chanteuse définit, jusqu'au cri final, la différence majeure entre un produit manufacturé et elle), mais également des partitions moins célébrées (« Gratte Moi La Tête», ou la ballade montmartroise de « Allée Des Brouillards »).
Et, ensuite, Maurane a habité le tout : itinéraire non dénué de risques certes, lorsque l'interprète s'approche au plus près de la scansion originelle (« Armstrong », « Dansez Sur Moi »), au risque de s'y brûler la voix. Ou qu'elle concède quelques couplets à l'air du temps (dans « Tu verras » elle duettise avec Calogero). Mais dès que les orchestrations partent vers un ailleurs habité (l'Espagne et toutes ses guitares dans « La Danse », les cordes suspendues de Ravel, et les cuivres crissant de Stravinsky avec l'écologique et anti-nucléaire et pacifiste avant l'heure « Il Y Avait Une Ville »), Maurane chante comme jamais, et, donc, pour toujours, ces quinze chansons (seize dans l'édition digitale).
Les deux n'avaient jamais travaillé ensemble, remettant à demain ce que la mort a rendu désormais impossible. C'est chose faite aujourd'hui, dans une session qui s'avère tout autant hommage à l'interprète, qu'à l'auteur et compositeur. Ecoutez ce disque, et vous pourrez dire : j'y étais.
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